Giancarlo Pedote : « J’aborde chaque jour comme si c’était le premier »
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Prysmian Ocean Racing
Après avoir franchi le mythique cap Horn mardi dernier à 2h12 (heure Française) après un peu plus de 57 jours de course, Giancarlo Pedote est donc de retour en Atlantique. Il lui reste néanmoins plus de 6 000 milles à parcourir pour rejoindre les Sables d’Olonne. Le chemin est donc encore long et le skipper de Prysmian Group est bien conscient que la concentration reste de mise d’autant que les alizés ne sont pas bien établis actuellement en Atlantique Sud et que les enchainements météo s’avèrent particulièrement complexes. Dans ce contexte, et comme il le répète souvent, rien n’est fini et tout peut encore arriver. N’empêche, il a déjà dans son sillage un sacré gros morceau de son tour du monde puisqu’il a franchi les trois grands caps qui le composent, non sans émotions.
Le voilà cap-Hornier ! Mardi dernier, Giancarlo Pedote a en effet franchi le rocher mythique en 9e position du Vendée Globe. Ce passage, toujours difficile du Pacifique à l’Atlantique, au large de la Terre de Feu, reste assurément un marqueur dans la carrière d’un navigateur. « Franchir le Horn représente beaucoup de travail et de sacrifices. Ce n’est pas le doubler qui symbolise tant mais prendre conscience de tout ce qui a été fait en amont pour en arriver là, chose dont les gens ne se rendent pas toujours bien compte. Les heures passées à terre à réfléchir sur le moindre détail, la mise en place une équipe, le tissage d’un lien particulier avec un partenaire, le choix de bateau et le temps de le prendre en main… Au final, ce sont diverses étapes qui nous emmènent au cap Horn et forcément, au moment où on le déborde, on a des larmes qui montent aux yeux lorsque l’on y repense », a détaillé le skipper italien qui a donc dû gérer un vrai flot d’émotions au large du promontoire argentin. « C’est pour ça que je me suis vraiment concentré sur ce que j’étais en train de faire et que j’ai évité de faire de la philosophie », a souligné le Florentin qui a alors affronté un lieu fidèle à sa réputation, avec des rafales à près de 50 nœuds sur une mer grosse et désordonnée.
« Job in progress »
« Le fait d’avoir franchi les trois caps (Bonne Espérance, Leeuwin et Horn, ndlr) est évidemment quelque chose, mais l’important reste de finir ce Vendée Globe. Franchir la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne est ce qui donnera tout son sens au projet et en course, on ne peut jamais savoir ce qui va se passer », a relaté le skipper de Prysmian Group qui, comme à son habitude, aime garder la tête froide. « Je dois rester calme et concentré. Ne pas lâcher un centimètre en termes de gestion du bateau », a ajouté Giancarlo, pas mécontent en tous les cas d’avoir retrouvé des conditions de mer nettement plus maniables depuis son retour en Atlantique. « C’est une sorte de soulagement pour moi. Ces derniers jours dans le Pacifique, c’était devenu fatigant en raison des températures glaciales, de l’humidité importante, du vent fort, de la houle et de la mer croisée… En somme, de toutes ces choses dont on n’a pas toujours envie en dose si massive ! », a indiqué le marin qui progresse actuellement dans un flux de nord nord-ouest d’une quinzaine de nœuds sur mer relativement calme et bien rangée. « C’est chouette de retrouver de conditions plus tranquilles, de pouvoir manger sereinement et de pouvoir appuyer sur la souris, lorsque l’on est à la table à carte, au bon moment et non quand c’est une vague qui l’a décidé », a commenté avec un brin d’humour Giancarlo, savourant clairement le fait de retrouver un peu de confort à bord de son 60 pieds, sans toutefois minimiser ce qui reste à venir, bien au contraire. « Il reste un sacré morceau à avaler. Rien n’est fait. J’aborde chaque jour qui passe comme si c’était le premier de mon tour du monde. Pour moi, ce sera bon lorsque j’aurai franchi la ligne d’arrivée mais pas avant. A ce moment-là, je pourrai dire « job done », mais en attendant ça reste « job in progress » ».