Aux portes du Grand Sud
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Prysmian Ocean Racing
Après trois semaines de course et presque 25% des 21 638 milles du parcours du Vendée Globe d’ores et déjà dans le sillage, Giancarlo Pedote voit la longitude de Bonne Espérance se profiler à l’horizon. Dès lors qu’il aura débordé le premier des trois grands caps de son tour du monde, le skipper de Prysmian Group entrera dans l’Indien et à proprement parlé dans le Grand Sud, même s’il évolue déjà dans les Quarantièmes rugissants depuis quelques jours, accompagné des fameux albatros, ces volatiles à l’envergure démesurée. Devant lui s’ouvre donc un océan d’angoisse et de fascination. Un territoire insaisissable pour les terriens. Un lieu qu’il faut voir pour savoir et vivre pour être en mesure de le décrire.
La navigation dans l’Indien et le Pacifique sud ne ressemble à aucune autre. Systèmes météo dépressionnaires, isolement, glaces, tout dans ce désert maritime rend les conditions extrêmes. « L’air est dense et les températures ont bien chuté. Il y a énormément d’albatros autour du bateau : pas de doute, c’est bien le Grand Sud et je commence à comprendre les histoires de mes petits camarades qui m’ont parlé de ces endroits-là », a commenté Giancarlo Pedote ce lundi matin, lors d’un échange avec son équipe, bien conscient que l’entrée dans ces contrées marque le début d’une longue traversée sans la moindre terre à l’horizon. Une zone de désolation hostile qu’il va falloir tenter d’apprivoiser. « On se sent loin de tout ici mais l’énergie de l’endroit est incroyable. Elle est pure, mystérieuse et magique et cela donne envie de poursuivre l’exploration, d’aller voir ce qu’il y a plus en avant », a détaillé le skipper de Prysmian Group qui sait que vigilance et anticipation sont plus que jamais les maîtres-mots lors des trois prochaines semaines. « La réflexion que je me faisais cette nuit, c’est qu’en Europe, on est arrivé à confiner la nature et qu’on a l’impression de la maîtriser a minima car rares sont les endroits qui restent inexplorés et rares sont les zones où on est isolé puisque même en haute-montagne, on est toujours à la portée des secours. Le Grand Sud demeure, pour sa part, encore assez inconnu. Peu de voyageurs sont passés par là. Il y a peu de traces faites sur ces mers qui restent relativement inaccessibles ».
Prendre conscience de la force de nature
Indiscutablement, le Grand Sud suscite la fascination, nourrit les peurs et véhicule les récits les plus fous. « On se rend compte, lorsqu’on y est, de la monstruosité de la nature. On se souvient que l’être humain est un microbe minuscule face à une telle force, un tel rythme avec des vagues très hautes, un ciel plombé, des albatros qui sont sans conteste les patrons ici… », a souligné le navigateur italien qui poursuit actuellement sa route dans des conditions toniques, avec plus de 30 nœuds de vent et des creux de près de quatre mètres, la faute à une dépression australe qui balaye le sud de l’Afrique. « Depuis 24 heures, on est toujours dans le flux de cette dépression, avec des vents très rafaleux, très instables. Ce n’est pas facile de trouver les bons réglages pour le bateau, surtout avec l’état de la mer puisque nous sommes actuellement dans une zone où les fonds marins remontent et rendent les vagues particulièrement courtes et casse-bateau », a expliqué le skipper du 60 pieds IMOCA aux couleurs de Prysmian Group et d’Electriciens sans frontières qui devrait retrouver des conditions un peu moins chaotiques à partir de la nuit prochaine. « Il reste encore une douzaine d’heures à serrer des dents. Je dois continuer à faire les choses bien pour préserver le matériel. Le bateau est ma sécurité et pour que ça continue, je dois prendre soin de lui », a terminé Giancarlo Pedote, actuellement en 10e position au classement.