Giancarlo Pedote : « Quoi d’autres que des cèpes et des dépressions ? »

Categories: Prysmian Ocean Racing 

04/11/2022 - 05:30 PM

Alors que c’est désormais dans moins de trois jours que le coup d’envoi de la 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe sera donné, la pression monte doucement mais sûrement sur les pontons malouins. C’est d’autant plus vrai que les conditions météorologiques sur les premiers milles du parcours s’annoncent copieux, avec le passage d’un front susceptible de générer plus de 50 nœuds en rafales dans la journée de lundi, au large de la Bretagne. Pour ce qui le concerne, Giancarlo Pedote affiche néanmoins une vraie sérénité, conscient, que les conditions annoncées, si elles se confirment, vont lui imposer de faire le gros dos et de ménager au mieux son 60 pieds aux couleurs de Prysmian Group et d’Electriciens sans Frontières. L'ONG de solidarité internationale, pour laquelle l’entreprise spécialisée dans la production de câbles d’énergie et de télécommunications réitère une opération « 1 clic = 1 mètre », mène, cette fois, une actionen faveur de la population en Ukraine. « Ce que l’on peut s’attendre à trouver, au mois de novembre à Saint-Malo ? Quoi d’autres que des cèpes et des dépressions ? », plaisante Giancarlo Pedote, pas vraiment surpris de voir actuellement se dessiner une dépression très creuse au milieu du proche Atlantique. Une zone fermée de basse pression atmosphérique qui risque de bien secouer la flotte lors des premiers jours de course, en particulier lors de la journée de lundi. De fait, en avant du front, le skipper de Prysmian Group et ses adversaires pourraient rencontrer des vents de sud avec des rafales supérieures à 50 nœuds sur une mer avec des creux de 6 à 7 mètres. Autant dire que si ce scénario se confirme, les marins vont être piqués à vif d’entrée de jeu. « C’est assez normal, à cette saison, de partir dans un gros régime dépressionnaire. La sortie de la Manche et la sortie du golfe de Gascogne ne sont jamais des endroits simples à négocier. C’est finalement toujours un peu la même rengaine. Ce qui est particulier toutefois cette fois, c’est qu’il n’y aura certainement pas d’échappatoire. Il faudra, quoi qu’il arrive, négocier cette perturbation et donc faire preuve d’intelligence pour ne pas casser le bateau. En clair, il faudra savoir faire le dos rond dans les moments compliqués », explique le navigateur italien qui a, d’ores et déjà, fait face à des conditions plus dantesques encore lors de son Vendée Globe. « Le deuxième front que l’on a pris sur le tour du monde était plus violent. Cela me permet de relativiser. De toutes les façons, on ne va pas avoir d’autres choix que de faire avec ce que l’on a. Il est évident que personne n’a jamais très envie d’aller se prendre un gros truc dans les dents, mais quand il faut y aller, il faut y aller ! », relate le Florentin avec placidité, sans toutefois minimiser la difficulté de ce qui les attend, lui et les 137 autres solitaires engagés dans l’épreuve. Faire au mieux et participer à l’opération « Solidarité Ukraine » « Ce ne sera assurément pas le moment de chercher à faire le malin. On sait que dans ce genre de conditions, même si les fichiers ne sont pas bien calés et que la situation peut encore évoluer, une moitié s’en sort indemne et l’autre un peu pliée en deux. Je considère comme un atout le fait d’avoir un bateau parfaitement fiabilisé même si, dans un sport mécanique, personne n’est jamais à l’abri d’un pépin », détaille Giancarlo qui reste également lucide concernant les performances de son bateau aujourd’hui. « Je sais très bien que quoi qu’il advienne, je ne suis pas en mesure de jouer les premières places. Il faut être réaliste, dans tous les cas tant que le chantier prévu l’an prochain n’a pas eu lieu », poursuit le skipper qui, ambitionne de donner le meilleur de lui-même, de faire les bons choix stratégiques et de faire marcher au mieux son bateau. « Pour moi, l’important, et je ne m’en cache pas, est d’être au top au départ du prochain Vendée Globe, en 2024. La Route du Rhum, comme les autres courses d’ici là, sont des courses de préparation. Le but est avant tout de cumuler des milles ».